Christophe Malardé - « Mon plus beau résultat »
Longtemps membre du team Salomon, Christophe Malardé est désormais passé de l’autre côté des rubalises, au sein de la structure d’entraînement Fartleck.
Fidèle de HOKA LES TEMPLIERS, il est monté deux fois sur le podium du Grand Trail en 2007 et 2008, deux éditions remportées par Thomas Lorblanchet.
Tu disais dans une interview “être venu au trail pour HOKA LES TEMPLIERS ”, quel souvenir gardes-tu de tes podiums ?
Ce sont les plus beaux moments de ma carrière. Quand je travaille avec des personnes sur la performance, j’explique aux gens qu’on a le flow quand on réunit à la fois le sentiment d’avoir fait de belles choses mais qui sont en rapport avec quelque chose qui a de la valeur. J’ai gagné plusieurs courses qui, sans être péjoratif, n’avaient pas beaucoup de valeur pour moi, et j’avais des gros événements que j’ai foirés. Là, ça compilait les deux, j’ai le sentiment d’avoir tout donné dans une course qui me faisait rêver. Je dis souvent que mon plus beau résultat c’est ma seconde année, d’avoir fait deuxième.
Pourquoi avoir fait de cette course un objectif personnel ?
D’un point de vue perso, j’étais biberonné avec VO2 dans les années 90. Je faisais de la route et de l’athlé et j’achète VO2, je suis abonné. Les dernières pages étaient consacrées au trail et je vois une course qui se crée. Plus ça avançait dans les années, plus je commençais par lire cette page (rires). Vers 25 ans, je vois que j’ai fait le tour en athlé, je trouve mes chronos satisfaisants et je change d’univers. Le trail de l’époque donnait une espérance et des envies formidables et je me suis engouffré là dedans.
Est-ce qu’il y a un petit regret de ne jamais avoir gagné le Grand trail ?
Oui bien sûr ! (rires) Évidemment j’aurais voulu gagner 5 fois ! A chaque fois, je suis tombé sur Thomas (Lorblanchet), ce n’était pas la bonne pioche. Les années d’avant je n’étais pas mature pour ce sport. Après, j’étais un peu cramé donc au final… (rires)
Tu es passé de la route aux formats longs, comment s’est opérée la transition pour toi ?
Ma première transition sur le trail s’est faite sur l’Aubrac. C’est là que j’ai découvert la moyenne montagne et la longue distance. Je ne me suis pas acharné sur marathon je suis rapidement passé de semi au trail. Ma culture du long n’était pas énorme et j’ai appris sur le tas. Je dois faire mon premier Grand trail en 2004 et mon premier trail en 2001 et je fais mes résultats en 2007. Mes grosses saisons sont de 2007 à 2012.
Aujourd’hui tu es passé de l’autre côté des rubalises, quel regard portes-tu sur l’évolution de l’événement ?
Je me disais encore il n’y a pas si longtemps qu’il fallait que je revienne. Ça fait trois quatre ans que je ne suis pas venu à Millau donc faut que je revienne et que je retourne sur les chemins ça me ferait du bien. Avant 2010, c’était le rendez-vous de l’année pour les traileurs, tout n’était pas structuré comme aujourd’hui. C’était une course qui apportait de la notoriété, il y avait un gros plateau et VO2 relayait vachement l’événement. Pour nous c’était la course où il fallait être. C’était la course la plus bankable pour se faire remarquer dans le trail. Je suis un fidèle des du Festival des Templiers et ma génération vivait pour ça. Il y a toujours de beaux vainqueurs sur le Grand trail.
Et de la discipline ?
Ça va un peu vite pour moi (rires). J’en vis bien, je suis content d’accompagner mes athlètes, je ne veux pas en faire plus. Je suis un peu éco anxieux et quand je vois tout le fatras qu’on met autour du trail et ce que ça nécessite comme action et comme consommation je me dis qu’on passe peut-être à côté de quelque chose. Mon but serait d’associer les deux de manière encore plus forte et qu’on ne parte pas dans une dérive exotique et sportive pure pour faire plaisir à son égo. C’est un gros casse-tête parce que notre sport n’est pas calibré pour ça, c’est un peu de greenwashing mais ce n’est pas du tout ça.
Tu entraînes Le Boudec Théo qui a gagné deux courses en deux ans, ça t’a permis de te replonger dans tes années fastes ?
C’est un peu différent, il est arrivé et il a tout de suite gagné. Ça lui a donné un vrai ascenseur dans ce monde, surtout en gagnant l’Endurance. J’avais aussi Gwendal Moisan qui fait deuxième quand Théo gagne. Lui aussi s’est révélé à lui-même avec cette course. Je pense que c’est un bel événement pour se révéler et révéler des talents. La course reste exigeante et ce qu’on se disait avec Thomas (Lorblanchet) récemment, il faut être hyper complet pour gagner le Grand trail. Faut bouffer la distance, ça demande beaucoup de course à pied et partir fort, c’est très cassant sur la fin parce que c’est très technique. Il faut tenir des plateaux d’intensité qui sont forts et la concurrence ne permet pas de gérer ta course. D’un point de vue sportif, réussir cette course donne beaucoup d’expérience. Elle reste très difficile à gérer et elle n’est pas simple à aborder.
Tu es aussi un ambassadeur du trail en Bretagne, région très représentée chaque année sur HOKA LES TEMPLIERS, comment tu vois l’évolution de la pratique sur ton territoire ?
Elle suit la pratique nationale, avec un fort engouement et des courses complètes. Ca n’existait pas avant et on pouvait s’inscrire la veille. Il y a toujours eu cette envie de faire des allers-retours entre pratique en Bretagne et pratique à la montagne. Les Bretons sont vachement attirés par les courses de La Réunion. L’aboutissement pour un Breton c’est d’aller courir à La Réunion. D’un point de vue géographique, le Massif central c’est bien pour nous faire les dents. C’est beaucoup plus proche, c’est un terrain intermédiaire. C’est la première ouverture vers les montagnes.